Un manuscrit clandestin refait surface : un témoignage unique sur l'Occupation à Bordeaux

Un manuscrit illustré oublié depuis plus de 80 ans a été redécouvert par Loïc Rojouan, petit-fils de son auteur. Intitulé « A ç’ qui paraît », cet ouvrage compile des anecdotes et rumeurs circulant à Bordeaux durant l’Occupation allemande. Signé par le jeune résistant Daniel Diétlin, cet ouvrage historique précieux, dissimulé dans un matelas pour échapper aux contrôles, est un témoignage rare de l’humour comme moyen de résistance.

L’humour comme échappatoire face à la barbarie

Daniel Diétlin, élève du lycée Montaigne et résistant engagé, utilisait le dessin pour tourner en dérision les occupants et souligner leur cruauté. Le manuscrit regorge de messages cachés et de croquis prémonitoires, à l’instar d’une illustration dénonçant la violence du régime nazi.

Loïc Rojouan raconte comment ce livre interdit était perçu comme un objet mystérieux et dangereux dans la famille : « Mon grand-père l’avait recousu dans un matelas pour qu’il ne soit jamais découvert. »

Une relique historique analysée par les experts

Lors des commémorations des 80 ans de la Libération de Bordeaux, le manuscrit a été confié à Sophie Picon, historienne spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. Impressionnée, elle décrit cet ouvrage comme un écho direct à l’esprit de révolte des Bordelais face à l’oppression : « Ce n’est pas juste pour faire rire, mais pour dénoncer et s’opposer. »

Le sacrifice des résistants de la ferme de Richemont

Daniel Diétlin a payé de sa vie son engagement. Le 14 juillet 1944, avec un groupe de jeunes maquisards du lycée Montaigne, il s’est retranché dans une ferme isolée à Saucats pour préparer un sabotage. Dénoncé par un informateur, le groupe a été encerclé par la milice et l’armée allemande. Le combat fut acharné et se termina par une « tuerie sans pitié » : douze résistants, dont sept lycéens, furent tués.

Un symbole de courage et de résilience

Le massacre de Richemont reste l’un des épisodes les plus tragiques de la collaboration bordelaise. Sophie Picon rappelle que cet événement est devenu un symbole de la jeunesse sacrifiée pour restaurer la République et rejeter l’idéologie nazie.

L’ouvrage « A ç’ qui paraît » se termine par un dessin de paix accompagné de l’inscription : « Plus tard peut-être, après la guerre, on en reparlera. » Aujourd’hui, la famille espère sortir ce trésor de l’ombre en le présentant dans des musées ou en le publiant pour perpétuer la mémoire de cette résistance discrète mais essentielle.

Un devoir de transmission

Ce manuscrit clandestin incarne la nécessité de témoigner pour que les générations futures se souviennent de l’histoire et des sacrifices de ceux qui ont refusé la soumission. Publier ce témoignage serait un hommage aux résistants tombés pour la liberté et une preuve que, même dans l’ombre, l’esprit de révolte peut éclairer l’histoire.

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